Le numérique dictera l’avenir

Article écrit par Jean-Luc Masson et paru dans le paysan lorrain le 22 juin 2018

Le numérique dictera l’avenir


L’Arsoé et sa filiale commerciale Estel ont traversé les années de crise de l’élevage. Elles ont le projecteur braqué sur les évolutions des techniques numériques pour lesquelles le monde agricole n’est pas en reste. L’ouverture à des partenaires nouveaux, nationalement et localement, leur apporte l’incontournable diversification pour consolider l’activité.

Les participants à l’assemblée générale d’Estel et de l’Arsoé du Nord-Est ont, pour certains, retrouvé les bancs de leurs chères études, le 12 juin à Nancy. Ils se sont ainsi assis dans l’amphithéâtre Olmer du campus Artem dans l’ambiance «enseignement recherche » qui caractérise l’université. «Endroit inhabituel, mais symbolique» justifie Damien Tiha, le président de l’Arsoé et de sa filiale « à l’aube d’un bouleversement dans nos métiers de l’agriculture et de l’élevage ».

Traçabilité et certification

La robotisation, la digitalisation et l’avènement de nouvelles technologies «devraient nous permettre de produire de manière économique, des produits répondant à la demande des consommateurs tout en minimisant l’impact écologique », appelle de ses vœux le dirigeant de l’association spécialisée dans la fourniture d’outils numériques aux partenaires de l’élevage. Damien Tiha est rentré gonflé à bloc d’une récente réunion organisée par la fédération nationale des Arsoé. Trois intervenants, Kevin Camphuis, directeur de ShakeUp Factory, un accélérateur d’entreprises «pour des projets révolutionnaires de la ferme à la table», Stephano Volpi et Maxime Ropert, dirigeants de la start-up Connecting Food « ont fait la démonstration, grâce à la traçabilité et la certification en temps réel de tout le processus de fabrication d’un litre de lait, qu’ils étaient capables d’amener aux éleveurs 70 à 80 €/1.000 l supplémentaires ». Du grain à moudre donc pour les projets engagés nationalement par les entreprises de conseil (lire par ailleurs) dont Estel est un prestataire.

Damien TIHA
L’agriculture n’est pas en retard en termes d’appropriation des données. 79 % des agriculteurs utilisent Internet, a rappelé Michel Paolillo, le directeur d’Estel-Arsoé, en ouvrant le rapport d’activité. L’investissement des 250 startup spécialisées du secteur est évalué à 10 milliards de dollars dans le monde en 2017. La moitié des jeunes qui s’installent en production laitière le font en achetant un robot. 46 % des agriculteurs sont équipés d’un Gps.

En 2017, l’ensemble Estel-Arsoé a réalisé un chiffre d’affaires de 2,9 M€, à nouveau à la hausse, après le creux 2016. Il vient de traverser deux années de crise de l’élevage dont il espère voir la fin du tunnel. L’activité élevage traditionnelle a connu une diminution de 3,9 %, principalement marquée par une baisse de 9.500 animaux identifiés, de 4,7 % des Iap et de 6 % d’EstElevage. Elle a été compensée par une progression des actions avec le Contrôle laitier (arrivée de la Haute-Marne et de la Somme), les Gds, la réponse aux appels d’offre nationaux et la diversification hors élevage. «Le résultat d’exploitation de nos structures reste encore fragile, constate Damien Tiha. Le départ d’un de nos principaux adhérents ainsi que la diminution de la partie maintenance ont pesé ces dernières années dans les comptes».

Volonté d’ouverture

Michel PAOLILLO

Un outil de reporting, tableau de bord, a été mis en place. La volonté d’ouverture à d’autres structures a été renforcée, notamment à l’échelle nationale à travers Fcel, l’institut de l’élevage ou la fédération des Arsoé. Mais aussi en direction de partenaires locaux comme Végafruits, les groupements de producteurs, le Btpl, l’Ulm et l’Apal. La reprise d’Isylog, la filiale informatique de cette association d’éleveurs, laisse entrevoir un apport de 400.000 € de chiffre d’affaires supplémentaire à l’avenir.

En novembre prochain est programmée l’ouverture du règlement zootechnique européen (Rze). La partie d’information généralisée (Sig) qui permet d’alimenter l’indexation des reproducteurs risque d’être impactée. «Soyons vigilants, sous prétexte de faire des économies, de ne pas détruire cet outil qui a fait preuve de son efficacité » prévient Damien Tiha. Estel-Arsoé a mis en oeuvre une stratégie à moyen terme basée sur quatre «piliers : fidéliser, développer, innover et rentabiliser ». L’entreprise se veut «être le partenaire numérique de référence du secteur de l’élevage des organismes jusqu’aux éleveurs » martèle Michel Paolillo. Ceci passe par une «garantie de transparence et de performance, une innovation permanente, l’ouverture à de nouveaux marchés, un partenariat actif au sein de la plateforme Harmony, et la fourniture à nos collaborateurs de projets motivants et des moyens adaptés ».

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