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L’enjeu de la digitalisation des données d’élevage

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L’enjeu de la digitalisation des données d’élevage


La maîtrise des données des éleveurs constitue un challenge incontournable pour les organismes techniques spécialisés et pour les éleveurs. Le président de l’Arsoé du Nord Est, Damien Tiha, en appelle à la création d’une plateforme rassemblant l’ensemble des acteurs régionaux. Pour en garder la maîtrise.

Par le pôle de Pixérécourt-Malzéville transite l’essentiel des données des élevages d’Alsace et de Lorraine. L’Arsoé du Nord Est y est installée de longue date. Créée en 1969, dans la foulée de la loi sur l’élevage de 1966, elle a traverséles décennies au rythme de l’informatisation grandissante des exploitations agricoles. Elle est une des rares associations de ce type en France à fédérer un nombre aussi important d’organismes. Elle travaille ainsi pour les Ede des six départements, pour la coopérative d’insémination Elitest présente sur cinq départements, pour quatre GDS sur cinq et pour les contrôles laitiers de trois départements, ainsi que d’autres organismes d’élevage hors région Grand Est. Gènes Diffusion et Optival se sont retirées de la structure, ayant noué d’autres partenariats avec leurs homologues du nord de la France.

En 2007, l’Arsoé s’est trouvée confrontée à l’ouverture à la concurrence qui s’est notamment traduite par l’abandon du monopole de l’insémination artificielle. C’est à cette époque qu’elle crée une filiale commerciale « Pro6Tem », dans le but de diversifier son activité. Suite à l’arrivée d’un nouveau directeur : Michel Paolillo, changement de nom en juin 2016, Pro6Tem devient la Sas Estel, un nom plus en rapport avec le portail de référence des éleveurs du Grand Est, produit phare développé par l’Arsoé : EstElevage. «Un outil créé pour les éléveurs, par les éleveurs» que Damien Tiha, son président, revendique comme «essentiel». A partir de 50 € par an, chacun des 3.800 utilisateurs abonnés dispose depuis son Pc, son smartphone ou sa tablette, en mode connecté ou non, de l’ensemble des données sanitaires, du contrôle laitier, du parage, de la reproduction, des identifiants généalogiques, de l’insémination et la gestation, de planning… Un « pack viande » est sur le point de sortir et sera promu lors d’Eurogénétique. Il permettra la saisie des pesées, le suivi des poids… Un futur développement aura pour but «d’aller plus loin sur la partie économique en introduisant les rendements de carcasse et les lots d’animaux» précise Julien Tschaenn, chargé de communication chez Estel.
2016 correspond aussi au retrait d’Optival de l’Arsoé, ce qui lui retire 18 % de son chiffre d’affaires total et plus de la moitié de son activité sur le contrôle laitier. L’ouverture un peu plus large sur l’extérieur est une nécessité. Estel est armée pour répondre à des appels d’offre extra-régionaux, en particulier ceux diffusés par les fédérations nationales des différents métiers de l’élevage. Parmi la trentaine de collaborateurs de l’Arsoé, «à Nancy, nous disposons de chefs de projets reconnus au niveau national» s’enflamme Damien Tiha.
Le logiciel Ori-Automate diffusé par France Conseil Elevage pour la gestion des données issues des robots de traite est le fruit de la matière grise déployée par leurs équipes de développeurs.
De même, le logiciel Cap’Eco développé par l’Arsoé pour l’Institut de l’Elevage (Idele) permet de réaliser le diagnostic de la productivité et des charges opérationnelles des exploitations bovins viande en France
Même chose pour OptiMir qui permet l’analyse par spectres du lait, capable de révéler des anomalies au niveau de l’animal. Ce projet est développé dans le cadre d’un partenariat européen autour de la structure Emr (European Milk Recording) avec un axe fort transfrontalier avec l’Allemagne et la Belgique.

Une équipe à fort potentiel sans cesse en quête d’innovations. «Nous travaillons par exemple à une application commerciale qui permettrait à un opérateur de trouver réponse à une commande de génisses pleines, en fonction de certains critères d’âge et avec les garanties sanitaires optimales » décrit Damien Tiha. Un exemple qui illustre la tendance à «l’ubérisation» qui semble devoir toucher l’élevage comme bien d’autres domaines de l’activité économique. Face à ce défi du « big data » qui constitue un challenge pour demain, le président de l’Arsoé appelle à la concertation des acteurs régionaux. Il avoue sa modestie face à certains intervenants de l’Ouest de la France qui disposent de gros moyens. Des coopératives d’insémination qui investissent là-bas dans une plateforme d’échanges de données entre elles, mais sans partager avec les autres organismes d’élevage. L’Alsace-Lorraine a certainement une longueur d’avance en la matière qu’il conviendrait aujourd’hui de nourrir pour atteindre une taille critique. La Chambre régionale d’Agriculture du Grand Est va d’ailleurs prochainement organiser une table ronde sur «la digitalisation des données d’élevage, en faisant intervenir des spécialistes extérieurs à l’agriculture». Damien Tiha verrait bien des ponts s’ouvrir avec l’Arsoé voisine de Roulans dans le Doubs qui traite déjà des données pour certains départements de Champagne-Ardenne. Son leitmotiv : «toujours se mettre à la place de l’éleveur». Sur la plateforme de données qu’il appelle de ses voeux, il ambitionnerait «d’élargir le plus possible le cercle. Nous y placerions des ingénieurs capables de créer des algorithmes puissants. Ceci nécessite des moyens financiers très importants».
Face à Google Farm déjà «très sérieux» aux Etats-Unis, combien de temps les organisations françaises pourront-elles résister ? Seule la stratégie de la mise en commun des moyens le permettra. «Si nous voulons avancer, il faut que tout le monde bénéficie du même niveau d’information et regarde dans la même direction pour s’imprégner des enjeux». Et Michel Paolillo complète en soulignant que «l’apport et la maîtrise de ces nouvelles technologies d’ouverture doivent permettre le partage et l’usage de la donnée qui en font sa vraie valeur. L’éleveur est, et doit rester au centre de nos préoccupations en tant que propriétaire de ses données, son consentement et son accord impératif sont absolument nécessaires à l’éventuelle diffusion de ses informations suivant des règles très rigoureuses et sécurisées».
«Enfin, il s’agit de passer outre les querelles de clochers» considère Damien Tiha. Avant de réaffirmer la vocation des Arsoé «gardiennes de ces données» et «garantes de l’absence de dérives».

Installé en 1981 à Saint-George dans le pays de Sarrebourg (Moselle), Damien Tiha exploite aujouird’hui 270 ha de céréales en GAEC avec son fils et une associée en lait-céréale-viande. Sa belle-fille est salariée sur l’exploitation qui emploie par ailleurs un second salarié. Le troupeau compte 130 vaches laitières. Damien Tiha préside la coopérative d’insémination Elitest. L’agriculteur affirme être connecté en permanence. Est Elevage permet, à lui et ses associés, de disposer de toues les données sur leur cheptel, à portée de clic ou mieux encore sur leur smartphone. Il y a un an, la ferme a opté pour les robots de traite. Un investissement qu’il juge « formidable » tant sur le plan qualité de vie que du service. « Les problèmes de chaque vache nous remontent en temps réel et nous pouvons anticiper par exemple pour traiter une mammite en amont ». Damien Tiha fréquente aussi les réseaux sociaux pour « faire passer les idée des agriculteurs et rétablir une certaine vérité ».

Chargé de communication à Estel, Julien Tschaenn est aussi responsable des projets webmarketing à ses heures. Il a notamment mis en place Estel Community qu’il définit comme « un facebook interne à l’entreprise ». Seuls les administrateurs et le personnel y ont accès pour partager de l’information à travers un fil d’actualité, un blog, un archivage qui constitue une base documentaire. « Un outil collaboratif sur un seul support » qu’Estel peut commercialiser auprès de ses partenaires.

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