logo estel accueil

Le syndicalisme doit s’inviter dans le numérique

Le syndicalisme doit s’inviter dans le numérique


Exponentielle, la croissance du secteur du big data l’est depuis ces dernières années en agriculture. Si les opportunités, à la fois pour les agriculteurs et les fournisseurs de services, se devinent de plus en plus nombreuses, certains aspects continuent de poser question. Une charte de bonne conduite est en gestation, à des fins, entre autres, de protéger l’exploitant. Le syndicalisme est invité à y prendre part.

Le numérique se développe à une vitesse fulgurante dans des domaines d’activités divers. L’agriculture ne déroge pas à cette tendance de fond, bien au contraire. Les quantités considérables de données générées par ces nouvelles technologies représentent une manne d’informations spectaculaire à traiter. Se posent néanmoins de nombreuses interrogations au devant desquelles le syndicalisme devra jouer un rôle majeur. «Le syndicalisme agricole doit s’emparer du sujet», souligne Sylvain Gallot, membre de l’Institut technique de l’aviculture (Itavi), à l’occasion d’une conférence organisée par l’Acta le mardi 18 octobre. Ce dernier s’appuie sur l’exemple des Etats-Unis où une charte a été créée en 2014, à l’initiative du syndicat American Farm Bureau Federation, dans le but d’établir un socle de conditions générales d’utilisation. Car le risque pour l’agriculteur, de se voir déposséder de ses données, existe.

Par contrat

Pour ce faire, les Instituts techniques agricoles (Ita) ont souhaité partager, ce même jour, la publication d’un livre blanc, incluant dix recommandations, à destination de tous les opérateurs. L’ouvrage a pour objectif d’ouvrir le débat, et vise à moyen-terme la production d’une charte au niveau national, voire européen. «La relation entre le détenteur de la donnée et le collecteur s’oriente vers une voie contractuelle », explique Julie Colinet, responsable juridique au sein de l’Acta. Cette voie est privilégiée car le droit ne répond que trop peu aux problématiques posées par le numérique, caractérisé par un environnement changeant. Dans ces contrats, la notion de consentement apparaît. Les experts des Instituts techniques agricoles (Ita) anticipent d’ores et déjà la création d’une plateforme virtuelle où chaque contrat passé sera comparé à une charte générale. Cette dernière n’aurait aucune valeur réglementaire mais servirait de référence. Chaque partie prenante pourra ainsi étudier et mieux se renseigner sur les offres. En France, le statut de la donnée n’est pas réglé. Si les données personnelles font l’objet d’une protection avérée via la Cnil, l’autorité de contrôle des données personnelles, le problème reste entier au sujet des données «techniques». «Si on arrive à remonter à l’agriculteur, la donnée devient alors personnelle », fait remarquer Julie Colinet. Derrière ce point de blocage, se joue la question de la monétisation de l’information. Mais la difficulté à partager les données peut également émaner de fournisseurs d’agroéquipements qui souhaiteraient préserver leur secret de conception des produits.

Sous-exploitation des données

Si le sujet du numérique fascine par son haut degré de potentialité, les experts l’assurent, aujourd’hui, ce sujet en vogue est en attente d’outils permettant de traiter efficacement des volumes de données considérables. «Le gisement est complètement sous-exploité», opine ainsi Erik Rheben, membre de l’Institut de l’élevage. Dans certains cas en revanche, le secteur se développe de manière importante. Au sein des filières animales, près de 20 % des génisses de races laitières font l’objet d’un génotypage, générant un flux croissant de données chaque année. Le but de cet exercice consiste à évaluer la valeur génétique de l’animal pour optimiser le couplage. En moyenne, chaque animal représente à lui seul près de 50.000 données.

Partager