Le changement climatique mobilise la filière laitière

Article paru dans le Paysan Lorrain du 3 août 2018

Le changement climatique mobilise la filière laitière


L’Idele, le Cniel, l’Apca et France Conseil Elevage, ont signé leur nouvelle feuille de route climatique «Ferme laitière bas carbone». La filière laitière s’organise pour répondre aux enjeux environnementaux et savoir en tirer de la valeur pour les producteurs.

Afin de se prémunir contre les effets du changement climatique et de contribuer à son ralentissement, la filière laitière est à pied d’oeuvre. Le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) et l’Institut de l’élevage (Idele) ont organisé une journée consacrée à ce thème. Le changement climatique produit différents impacts sur les régions : augmentation des températures, des précipitations, et plus de sécheresse. Globalement, cela va transformer le cycle des cultures, si certaines vont gagner en rendements, elles seront aussi plus exposées aux aléas climatiques.

Afin de se préparer et de contribuer à la lutte contre le changement climatique, la filière laitière s’engage et s’organise. Lors de la journée, l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (Apca), le Cniel, France Conseil Elevage et l’Idele, ont signé une nouvelle feuille de route climatique «Ferme laitière bas carbone». La filière s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % d’ici 2025. Afin de parvenir à cet objectif, un éleveur sur deux devra s’engager dans la démarche d’ici cinq ans et la totalité d’ici dix ans. Ce programme vise à compenser l’augmentation de Co2 dans l’atmosphère grâce au stockage carbone dans les sols. «La Ferme laitière bas carbone est un outil concret, que chacun des acteurs de notre filière doit pouvoir s’approprier, et c’est là sa force : avancer ensemble, mais dans le respect de la diversité, qui est au coeur de notre filière, de notre France Terre de lait», défend Thierry Roquefeuil, le président du Cniel. A ce jour, plus de 6.500 éleveurs se sont engagés dans le projet.

La «Ferme laitière bas carbone » accompagne les éleveurs, tout d’abord en leur permettant de réaliser un diagnostic de leur exploitation avec l’outil Cap’2er. Le premier niveau de diagnostic a pour objectif de sensibiliser, le second, avec une analyse plus poussée, permet d’identifier avec les exploitants les marges de progrès qui peuvent être réalisées pour réduire leur empreinte carbone.

Des enjeux qui feront les prix de demain

Les initiatives peuvent être portées par différents organismes. Le Criel du Centre a, par exemple, mis en place la démarche. En 2016, l’organisation, grâce au financement du Cniel, a commencé par former treize conseillers au diagnostic Cap’2er. Le Criel a aussi rencontré différents partenaires et éleveurs, afin de les sensibiliser à la problématique. Puis entre 2017 et 2018, 140 diagnostics ont été réalisés, soit 15 % des exploitations de la région, sur financement du Cniel et de la Région Centre-Val de Loire. «Le fait de financer ne règle pas tout, mais cela aide les éleveurs», précise Coralie Chazot, du Criel Centre.

L’entreprise coopérative du Grand Ouest, Laïta, s’est aussi engagée dans la démarche.2.000 éleveurs ont déjà reçu le premier niveau de diagnostic, l’entreprise souhaite toucher 100 % des producteurs de lait de sa zone et atteindre les 3.000 avant la fin de l’année.

Le groupe Danone, qui représente 4 % de la collecte française, s’est pour sa part donné comme objectif d’atteindre le zéro net carbone d’ici 2050, à l’échelle mondiale, depuis la Cop21. En dix ans, l’entreprise a déjà réduit son empreinte de 42 %. 100 % des producteurs de lait partenaires ont été volontaires pour passer le premier niveau de diagnostic Cap’2er avec les agents de  Danone, formés par l’Idele. 700 diagnostics de niveau 1 ont été effectués, la moitié d’entre eux ont aussi passé le niveau 2.

Enfin, afin de permettre aux éleveurs de financer leur transition vers une production moins impactante sur l’environnement, l’entreprise s’est associée à la plateforme de Crowdfunding Miimosa. Deux projets ont déjà été financés par ce biais et 300 ont été proposés au public, pour recevoir un financement participatif. «Notre entreprise est engagée dans la réduction de son empreinte carbone avec une vraie approche de filière», souligne Laurent Schatz, directeur de la transformation lait chez Danone.

Au-delà de répondre aux préoccupations environnementales de la société civile, Gilles Durlin, vice-président de la Fnpl, voit aussi dans la démarche une manière de retrouver de la valeur pour les éleveurs. «Le marché du lait frais est mature, voire presque saturé, avec beaucoup de références », rappelle-t-il. Pour les industriels, l’aspect environnemental,la qualité ou la provenance de leurs produits, devient de plus en plus un argument de vente. «Demain, de nouveaux sujets vont s’installer, c’est à nous de les prendre en main, d’écouter tous les murmures des consommateurs, des industriels, car c’est ce qui va faire la valeur et le prix du lait demain», conclut Gilles Durlin.

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